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03/01/2017

Ossements du Mans : l’Etat régalien temporise

Le dossier est ouvert depuis un an, jour pour jour. Le travail scientifique des anthropologues chargés d’étudier les ossements des Vendéens du Mans, découverts à l’occasion d’un projet de construction, s’achevait. Restait à leur réserver une digne sépulture.
Quelques années auparavant, les lieux emblématiques de la mémoire vendéenne avaient été proposés par les autorités en place : le Mémorial des Lucs-sur-Boulogne par Philippe de Villiers, président de la Vendée et la chapelle Saint-Charles à Saint-Florent-le-Vieil par Hervé de Charette, maire de l’époque.  
Au centre du pays insurgé
L’association  Vendée Militaire ouvrait alors une autre option, au centre du pays insurgé, dans un lieu dont la force symbolique ne pouvait pas être contestée : la Chapelle du Mont des Alouettes. Très rapidement, ce projet recevait le soutien de personnalités et d’associations incontestables dans le domaine de la mémoire vendéenne et, surtout, était envisagé très favorablement par Monseigneur Castet, évêque de Luçon et propriétaire de la Chapelle. On observait également un  fort engouement populaire en Vendée militaire.
Non moins rapidement, un architecte renommé élaborait un projet respectant à la fois la nature des lieux, la volonté de recueillement et d’hommage aux victimes vendéennes et les prescriptions administratives et techniques des scientifiques. Le projet pouvait alors être adressé au Directeur régional des Affaires culturelles. Ajoutons un financement quasi bouclé par promesse de souscription et l’engagement de la Ville des Herbiers de promouvoir l’aménagement du site des Alouettes.
Aucune hostilité à l’égard d’autres propositions légitimes dans cette proposition.
Un monument royaliste
Les Vendéens fidèles ont alors découvert des prises de position les plus surréalistes, destinées à casser cette option : des problèmes géologiques farfelus interdisant le creusement d’une crypte alors que la chapelle est bâtie sur un remblai, des attaques personnelles en légitimité, et surtout, une position idéologique d’un historien mandaté par des autorités politiques – Conseil régional, Conseil départemental et Municipalité du Mans – sans aucune compétence dans ce type de sujet, qui reste du domaine régalien de l’Etat. 
Pêle-mêle, les Vendéens apprenaient que cette chapelle ne commémorait que la visite de la Duchesse d’Angoulême, qu’il ne s’était rien passé aux Alouettes, que les moulins, dont les ailes ont un langage, étaient une invention postérieure aux évènements de 1793-1795, et que, en fait, ce haut-lieu de la mémoire était exclusivement un monument royaliste interdisant la réconciliation entre les Vendéens et les Républicains. 
       Les arguties et les contre-vérités accompagnaient cette fâcheuse démonstration qui s’achevait par une unique possibilité : l’abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil, au nom de cette réconciliation que la Société des Amis de la Révolution refuse obstinément, ce qui semble avoir échappé à l’historien. Pour se réconcilier, il faut la volonté commune des deux protagonistes.
Le temps de la réflexion apaisée
Dans la foulée, le Conseil départemental de la Vendée et le Conseil régional des Pays de la Loire ont approuvé ce choix partisan, écartant le Mémorial des Lucs, et sans avoir pris le temps d’examiner le projet du Mont des Alouettes. 
      Prudemment certaines personnalités et associations, ayant peur de déplaire, se sont raccrochées à Saint-Florent quand d’autres comptaient les points en attendant on ne sait quoi. Le maire de Saint-Florent-le-Vieil, premier surpris, n’a pas manifesté un enthousiasme débordant. 
On approche de l’épilogue. L’Etat n’a jamais écarté l’idée d’une sépulture dans la Chapelle du Mont des Alouettes. Il reprend ses droits régaliens et, à l’issue d’ultimes études scientifiques et archéologiques, il décidera souverainement sur la base des dossiers présentés et de la pertinence historique. Sans doute à l’automne 2017, après la consultation officielle annoncée, à laquelle les Vendéens devraient être associés !

Henry Renoul
Ouest-France, 3 janvier 2016

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